Antigone (ÉPREUVE N° 2) + Réponses

Ismène : tu sais, j’ai bien pensé, Antigone

Antigone : oui

Ismène : j’ai bien pensé toute la nuit. Tu es folle.

Antigone : oui

Ismène : nous ne pouvons pas

Antigone:  après un silence, de sa petite voix.
             Pourquoi ?

Ismène : il nous ferait mourir

Antigone : bien sûr. A chacun son rôle. Lui, il doit nous faire mourir, et nous,
                  Nous devons aller entrer notre frère. C’est comme cela que ça été distribué.

Ismène : je ne veux pas mourir.

Antigone : doucement
                 Moi aussi j’aurais voulu ne  pas mourir.

Ismène : Ecoute, j’ai bien réfléchi toute la nuit.  Je réfléchis plus que toi.
               Toi, c’est ce qui te passé par la tête tout la suite, et tant pris si c’est une bêtise.

Antigone : il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir.

Ismène : si, Antigone. D’abord c’est horrible, bien  sûr, et j’ai pitié moi  aussi
              De mon frère, mais je comprends un peu notre oncle.

Antigone : moi je ne veux pas comprendre un peu.

Ismène : il est le roi, il faut qu’il donne l’exemple.

Antigone : moi, je ne suis pas le roi. Il ne fait pas que je donne l’exemple,
                  Moi…ce qui lui passe par la tête, la petite Antigone, la sale bête, l’entêtée,
                  La mauvaise, et puis on la met dans un coin ou dans un trou. Et c’est bien
                   Fait pour elle. Elle n’avait qu’à ne pas  désobéir !

Ismène : allez !allez !....tes sourcils joints, ton regard droit devant toi et
              Te voilà lancée  sans écouter personne. Ecoute-moi. J’ai raison plus souvent que toi.

Antigone : je ne veux pas avoir raison.

                                                   Jean Anouilh. Antigone


I-      Questions de Compréhension :
1)
   A- A quel genre d’écrit appartient ce texte ?
   B- Justifiez votre réponse par trois indices tirés du texte.

2) Situez le passage dans la pièce dont il est extrait en résumant les événements précédents.

3) Il semble que les deux sœurs partagent en secret. Lequel ?

4) « il nous ferait mourir ? »
    - qui désigne-t-elle par « il » ?

5) « C’est comme cela que ça été distribué… »
   a- à quoi registre de langue appartient cette phrase ?
   b- de quelle distribution s’agit-il ?

6) « Moi aussi j’aurais bien voulu ne pas mourir »
   a- Antigone, veut-elle réellement mourir ?

   b- Comment justifiez-vous l’emploi du monde du verbe vouloir » ?

7) « Ecoute, J’ai bien réfléchi tout la nuit. Je suis l’aînée. Je réfléchis plus que toi ».
    « Ton regarde droit devant toi et le voilà lancée sans écouter personne ».
-         A partir de ces deux répliques, dégagez les traits de caractère respectifs deux sœurs en complétant le tableau suivant :


8) Antigone répond à sa sœur en exprimant   trois refus
   a- quels sont ces refus ?
   b- que cherche-t-elle d’après ces refus ?

9) « …et puis on la met dans un coin ou dans un trou … »
  - quels sens peut-on donner aux mots : « coin » et « trou » ?

II-                Production écrite :
Sujet : Actuellement, les parents se plaignent souvent de leurs enfants. Ces derniers, à leur tour, reprochent à leurs parents d’être autoritaires envers aux. Essayez d’expliquer ce phénomène,, à partir de votre expériences personnelle et de vos connaissances,
Apportez, si c’est possible, une solution à ce conflit.   


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I-                   Compréhension  
1-     a- Ce texte appartient au genre théâtral.
b- Les trois indices :
     - Nom des personnages
     - Le dialogue
     - Les didascalies.
2- Ce passage est situé après le retour d’Antigone de l’extérieur voulant  ainsi enterrer le cadavre de son frère Polynice était un traître et par sa conduite, il a causé le désordre dans la cité. Cependant, Antigone  avait décidé de transgresser la loi de son oncle Créon en procédant à l’enterrement de son frère Polynice.
3- Les deux sœurs partagent un secret : l’enterrement de leur frère Polynice.
4- « Il nous ferait mourir »
    « il » désigne le roi Créon, leur oncle.
5- « C’est comme cela que ça été distribué »
     a- Cette phrase appartient au registre familier.
     b- La distribution dont on parle dans la pièce est le rôle que donne la tragédie à chacun des personnages de la pièce. Personne ne pourra échapper à son destin. Les personnages eux- même sont considérés comme des outils entre les mains  de la fatalité.
6- a - Antigone ne voulait pas réellement mourir.
    b – le mode conditionnel du verbe  « vouloir » exprime un souhait qui ne peut se réaliser.
7-

8- a- Les trois refus :
         - refus de réfléchir.
         - refus de comprendre.
         - refus de donner l’exemple.
     b- d’après ces refus elle cherche à mourir, croyant à la laquelle ne peut échapper.
9 les mots « coin » et « trou »
   Coin = prison
   Trou = la tombe      


II- Production écrite :
   Il va sans dire que la famille est la base de la vie sociale et assure la continuité de l’espèce humaine. Partant de cela, on peut dire que la famille est une forme de rapports sociaux elle s’efforce d’établir une harmonie entre ses éléments qui la constituent.
    Or, cette continuité ne se fait pas sans crise.
         Laquelle crise est considérée aussi  bien par les psychopédagogues que les  sociologues comme évidente.
       La famille  est censée apporter au jeune la sécurité et la tendresse qui le protègent des dangers du monde extérieur, contre lequel il n’est pas encore immunisé, assurer des dangers  sa sécurité, cimenter sa personnalité et le garantir contre les épreuves. Mais cela ne saurait  cacher le revers de la médaille, c’est-à-dire, les conflits, les angoisses, les incompréhensions etc.
      Les parents ne cessent de se plaindre de leurs enfants, ils les accusent d’être à l’origine de conflits pensant que leurs parents sont dépassés et que la conception que se font ces derniers de la vie est révolue et que la réalité actuelle est totalement différente d’autrefois.
  Les jeunes se croient aptes à avoir la possibilité de gérer leur vie comme il leur convient. Ils se conduisent comme s’ils étaient munis de toute expérience susceptible de les mettre à l’abri des difficultés de la vie. Ils considèrent, par exemple, l’intervention de leurs parents dans le choix de leurs vêtements, de leurs ami(e) s comme une ingérence dans leur vie privée , dans leur intimité .   
On pense que l’ouverture de la société, les moyens modernes de communication, le développement des médias…ont rendu plus rapide la maturation de ces jeunes et a accéléré leur épanouissement. Ainsi, ils sont persuadés qu’ils sont capables de gérer leur vie sans le concours de leurs parents dans un monde devenu plus complexe, plus dangereux à tous les niveaux.

Néanmoins, il existe des parents qui se montrent excessivement autoritaires, ignorant que le jeune travers une étape décisive de sa vie, qu’il est en pleine mutation. Cette étape se caractérise par des transformations aussi bien physiologiques que psychologiques. Les parents qui ignorent ce processus ne font que creuser davantage l’écart qui existe déjà entre eux et leurs enfants. Cela provoque inéluctablement des conflits de générations chroniques et profonds. Cela pourrait, sans doute, engendrer la dislocation de la cellule familiale, dans une époque où l’on a besoin beaucoup plus de soutien et de solidarité.

Il faut  reconnaître que nous assistons au début du déclin de l’autorité parentale.
Ainsi, s’est constituée, entre l’enfance et l’age adulte, une sorte de « no man’s land » bien que mal, de prendre son destin en main.
Le jeune dans sa famille se sent, malgré lui, tiraillé entre deux besoins diamétralement apposés, à savoir le besoin de sécurité et le besoin d’autonomie et d’indépendance.
  Il est regrettable de dire que les parents ne jouent plus le rôle qui ils jouaient avant et que les commandes et les renés de la famille leur échappent cédant ainsi l’initiative à ce que l’on appelle communément l’ouverture au nom du « modernisme ». On dirait que les parents ne sont devenus des personnes qui doivent se charger des dépenses de leurs enfants, régler des factures, payer les mensualités écoles etc. Ils ne sont  plus, malheureusement, les initiateurs, les conseillers. Ils sont devenus une ancienne devise qui n’est plus ni négociable ni commerçable.     
En attendant que ces jeunes retrouvent leur sagesse et leur bon sens, les parents doivent être patients face à des sujet emportés par le courant d’un « pseudo modernisme » qui pourrait détruire à jamais les nomes sur lesquelles repose la famille.
  C’est une erreur fatale de croire que, quelle que soit l’époque, les jeunes peuvent se passer des parents, ou peuvent mener seuls la braque sans problèmes.